Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/133

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Comme un fantôme obscur enfin s’évanouit,
Tandis que Hassan, morne et la tête baissée,
Semble dans son esprit suivre quelque pensée,
Écoutant vainement, le long des pics ardus,
Les pas de l’étranger un moment entendus.
Autour de lui plus rien que les rumeurs nocturnes
Que poussent les torrents sous les cieux taciturnes,
Les plaintes d’un ruisseau qui, dans l’ombre des bois,
Aux échos assoupis rend par moments leur voix,
Les soupirs de la bise à travers les ramures
Des cèdres dont la nuit prolonge les murmures,
Et ce concert que fait le mont patriarcal
Des chants du rossignol et des cris du chacal.
Et« Dieu, qui parles si haut dans la nuit solennelle,
« Couvre-moi de ta main, garde-moi sous ton aile,
« Fais germer dans mon cœur tes saintes vérités,
« Verse dans mon esprit ténébreux tes clartés,
« Et fais que, dans la route obscure de la vie,
« Du but marqué par toi jamais je ne dévie ! »
EtAyant dit, Ben-Sabbah, une larme dans l’œil,
De sa tour solitaire enfin franchit le seuil.

Ô monde, prête Et la mort