Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/144

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ahasvérus.

Combien me faut-il donc marcher encore, hélas !
De siècles et de jours ? Car mes pieds sont bien las,
Et le sentier où vont mes sandales usées
Voit faiblir chaque soir mes forces épuisées.
Où donc en est le terme ?

la voix.

Où donc en est le terme ?Eh ! demande au torrent
S’il sait où doit un jour finir son cours errant,
Et demande au nuage obscur où la tempête
Le doit pousser, dans quel abîme ou sur quel faîte,
Puis encore demande aux sables des déserts
Où l’aile du simoun les chasse par les airs.

ahasvérus.

Le nuage est muet. Le torrent ni le sable
Ne parlent une langue aux hommes saisissable.
Hélas ! ma voix irait leur demander en vain
En quel temps, en quel lieu ma route prendra fin.
Dieu seul le sait, Dieu seul, auteur de toutes choses.
Oh ! pourquoi tient-il donc toujours les lèvres closes ?
Pourtant… la volonté du Maître glorieux
Soit faite sur la terre ainsi que dans les cieux !