Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/164

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La foi, cette unité finale des croyances,
Dont tout sage, à travers les brumes des sciences,
Crut voir le crépuscule à l’horizon des cieux,
Et qui vient éclairer à la fin tous les yeux ;
Car il faut bien, quand l’ombre autour de nous s’efface,
Que la lumière aussi dans les âmes se fasse.

Depuis Homère, issu d’Orphée et de Linus,
Cycliques moissonneurs de mythes inconnus,
En vain Platon médite, en vain Socrate songe
Mêlant la poésie aux rêves du mensonge ;
En vain, l’un affirmant, et l’autre disant : « Non, »
Pythagore ébloui ferme l’œil de Zénon ;
Sur les monts de Chaldée en vain les Zoroastres
Discutent dans la nuit le langage des astres
Et cherchent, feuilletant le livre ouvert du ciel,
Le problème du monde et celui du réel ;
En vain Lucrèce, armé du flambeau d’Épicure,
Sonde les profondeurs de sa pensée obscure ;
En vain Spinosa, plein du doute qui l’absout,
Sans trouver Dieu dans rien, croit l’entrevoir dans tout
Et, songeur égaré, s’aveugle dans ses rêves,
Plus mobiles qu’au vent les sables sur les grèves.
Le monde trop longtemps a vu l’humanité
Avec des blocs d’erreurs bâtir sa vérité,