Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/165

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Architecte insensé dont la main indécise
Replâtrait constamment cette tour mal assise,
Hélas ! dont Dieu n’avait pas pétri le ciment
Ni sur le dur granit posé le fondement.
Et les hommes disaient : « C’est la tour solennelle,
« Le fanal d’où jaillit la lumière éternelle,
« Le phare de clartés où tourne incessamment
« Tout œil, comme le fer, ô pôle, à ton aimant. »
Et, quand chacun de ceux qui cheminaient dans l’ombre
De cette autre Babel montait l’escalier sombre,
Et que son pied touchait le faîte aérien,
Il croyait voir très-loin, — mais il ne voyait rien !
Seuls, interrogateurs des choses éternelles,
Les prophètes, voyants aux ardentes prunelles,
Savent tout ce qu’a dit le passé ténébreux
Et tout ce que parfois se révèlent entre eux
Les siècles qui s’en vont et les siècles qui viennent.
Leurs yeux ayant tout vu, de tout ils se souviennent,
Et l’avenir profond, sondé par leur esprit,
Leur a montré partout le grand Exode écrit,
Le règne de Saturne annoncé par Virgile,
La promesse changée en fait par l’Évangile,
Où le Christ, rachetant la race des maudits,
Fit du noir Golgotha le seuil du Paradis.

Ô monde, prête Et la mort