Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/169

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Le désert regarder ce jour éblouissant,
Et ne sait pas pourquoi sa bouche reste close,
Ni quel deuil rend muets ses sphinx de granit rose,
Ni dans quel ouragan sinistre du simoun
S’est brisé le trépied des oracles d’Amoun.

les babyloniens.

Sous nos dômes bâtis de marbre et de porphyre,
Tout un monde de dieux ne pouvait nous suffire.
Bâl, le géant du feu, père des immortels,
Aurait passé dix ans à compter ses autels,
Et son frère Moloch, formidable et difforme,
Assis sur quelque fût de jaspe, socle énorme,
De la création rêve étrange et nouveau,
Nous montrait son corps d’homme à tête de taureau.
Cent monstrueux serpents gros comme des troncs d’arbre,
Cent dragons accroupis sur leurs bases de marbre,
Et cent griffons à l’œil terrible et flamboyant
Leur faisaient jour et nuit un cortège effrayant.
Que de siècles ont vu ces nations serviles
Dont le Tigre et l’Euphrate allaient baignant les villes,
À nos mythes impurs apporter leur encens !
Mais les voilà tombés de leurs cieux impuissants.
Des débris de Moloch ramassés par l’Afrique,
Dans ses sables muets Carthage en vain fabrique