Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/18

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Vous avez dominé le monde tour à tour,
L’une ayant son génie, et l’autre, son épée.
Tous les peuples liront votre double épopée,
Dont les siècles avec leur immortel burin
Gravent les chants rivaux sur leur livre d’airain.
Grèce, mère des dieux et mère des poëtes,
Tu sais tous les secrets de leurs lèvres muettes.
Or, puisque ton oreille a retenu, dit-on,
Ce que pensait Socrate et que rêvait Platon,
A-t-elle aussi gardé quelque note étouffée
Des hymnes de Linus et des rhythmes d’Orphée,
Rhapsodes inspirés, Pindares inconnus,
Dont les noms jusqu’à nous à peine sont venus,
Et qu’Homère, architecte illustre de sa gloire,
Des grands blocs de ses vers bâtissant ton histoire,
Absorba dans son nom, jour qui s’épanouit,
Comme fait le soleil des astres de la nuit ?
Le vieux Trophonius que dit-il dans son antre
Et Delphes dans sa grotte où nul profane n’entre ?
Prophète végétal qui parlait autrefois,
Le chêne de Dodone a-t-il perdu la voix ?
Didyme comprend-il les strophes incertaines
Que chante au vent du soir le flot de ses fontaines,
Et Samos entend-il encore sur ses monts
Les tonnerres d’Héré gronder quand nous dormons ?