Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/188

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« L’Éden avait fermé sa porte infranchissable.
« Laboureurs du désert, nous semions sur le sable,
« Sans qu’une moisson vînt dans nos sillons maudits.
« Nous avons fait le tour des misères humaines,
« Et voici qu’à la un, Seigneur, tu nous ramènes
Et voici qu’« Dans ton saint Paradis ! »

DuPuis il prend dans sa main la main d’Ève qui tremble.
Au séjour du bonheur tous deux rentrent ensemble,
Et tous leurs descendants les suivent pas à pas
Dans cette paix de Dieu qu’ils ne soupçonnaient pas.

DuPendant ce temps, du haut du rocher qu’il domine,
Ahasvérus regarde, et son front s’illumine,
Et sa bure devient lumière, et par degré
Se couvre de splendeur l’homme transfiguré.
Une larme, longtemps dans son cœur prisonnière,
En ce moment jaillit de ses yeux, la dernière,
Et, tendant vers le ciel ses deux bras décharnés :
« Seigneur, dit-il, voici que vous me pardonnez !
« Votre miséricorde, ô mon Dieu, soit bénie !
« J’ai trouvé le repos, ma route étant finie. »
Il dit, et son bâton qu’il prend par les deux bouts
Il le ploie et le casse en deux sur ses genoux.

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