Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/21

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xxxBethléem, Bethléem, que de cités célèbres,
Où la nuit morne étend son manteau de ténèbres
Et dont le souvenir, dans l’ombre enseveli,
S’enfonce chaque jour plus avant dans l’oubli :
Capitales d’empire et têtes de royaumes,
Que couvrent aujourd’hui les sables ou les chaumes ;
Centres éblouissants où, de tous les humains,
Ainsi qu’à leur vrai but, convergeaient les chemins ;
Carrefours où venaient se rencontrer des races
Dont l’histoire elle-même en vain cherche les traces ;
Abreuvoirs dont les flots, depuis longtemps taris,
D’âge en âge épandaient la sagesse aux esprits ;
Vaste enchevêtrement de marbre et de porphyre ;
Palais auxquels des monts entiers n’ont pu suffire ;
Enceintes de granit aux immenses contours,
Qui remplissaient les airs de dômes et de tours ;
Citadelles d’airain où fourmillait naguère
Un monde de soldats avec leurs chars de guerre
Et qui, dans leurs remparts, comme en une prison,
Enfermant le soleil de tout un horizon,
Entassaient dans les cieux leurs murs inabordables
Et prolongeaient sans fin leurs lignes formidables ;
Forteresses de gloire ou foyers de clarté,
Si grands qu’on les eût dits faits pour l’éternité !
Pourtant que reste-t-il de leur splendeur passée ?