Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/22

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L’une est un rêve éteint, l’autre, une ombre effacée :
Ruines que la nuit remplit de ses sanglots,
Le désert de son sable, et la mer de ses flots,
Ou qui, débris obscurs d’édifices momies,
Reposent au linceul du néant endormies ;
Ports détruits qui, le long de leurs môles déserts,
Regardent l’algue en paix lisser ses cheveux verts ;
Cadavres enfouis dans le limon des fleuves ;
Villes mornes pleurant, le soir, comme des veuves ;
Sépulcres écroulés, que parfois, en rêvant,
On fouille, sans plus rien y trouver de vivant,
Ou qui n’ont plus gardé de place sur la terre
Et dont le nom lui-même est pour nous un mystère !

EtÔ Bethléem, mais tant qu’on verra dans les cieux
Les chars des astres d’or rouler sur leurs essieux
Et le soleil tracer, dans sa route première,
Du soc de ses rayons ses sillons de lumière,
Ton nom sera sacré, ton nom sera béni.
Les temps le rediront dans leur hymne infini.
Les bouches des petits et les lèvres des sages
Se le répéteront à travers tous les âges ;
Car, du monde chrétien vrai centre et vrai milieu,
D’une étable tu vas faire un palais à Dieu !

Regarde, ô Bethléem ! Que vois-tu dans la nue ?