Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et tout le sanhédrin veille dans la stupeur,
Demandant au remords s’il ressemble à la peur.
Dans son lit de cailloux le lourd Cédron sanglote,
Et la brise nocturne, où pleure la hulotte,
Semble un gémissement de deuil. — En ce moment
La porte de Ghennat s’entr’ouvre lentement,
Et du côté du mont, témoin du grand mystère,
On voit marcher obscurs dans la nuit solitaire
Deux hommes. Où vont-ils, fantômes ténébreux,
Mornes et n’osant pas se regarder entre eux ?
Enveloppés du noir manteau que tisse l’ombre,
On dirait deux esprits sortis d’un rêve sombre.
Seuls les astres du ciel éclairent leur chemin.
L’un tremble, quoique ayant un bâton à la main,
Et l’autre par instants frémit, sinistre et blême,
Comme s’il contemplait quelque spectre en lui-même.
Étranges voyageurs, qui sait où vont leurs pas ?
Les échos aux rochers le demandent tout bas,
Et la brise, en passant par les rameaux des palmes,
Murmure : « Je l’ignore » aux arbres verts et calmes.
Sont-ce des messagers de la Mort qui s’en vont
Voir comment un Dieu dort dans son cercueil profond,
Ou si tous les gardiens apostés sur sa pierre
Sous l’aile du sommeil ont fermé leur paupière ?
Qui sait ? Les sentiers même où cheminent leurs pas