Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cependant l’épouvante a saisi les apôtres.
Tremblants et se serrant les uns contre les autres,
Ils réveillent le Christ qui dort, qui dort toujours.
— « Ô Maître, nous allons périr sans ton secours ! »
— « Hommes de peu de foi, » leur répond le doux Maître,
« La peur, celui qui croit ne doit point la connaître. »
Puis, levant les deux mains, il gourmande les vents
Et les flots ameutés et leurs gouffres mouvants
Et les éclairs, ces fouets flamboyants des orages,
Qu’agitent dans les cieux les chasseurs des nuages,
Et la tempête cesse, et, comme elle, dompté,
Le lac reprend son calme et sa sérénité.

SoUne tempête encor plus effrayante et pire
Soulève en ce moment l’océan de l’empire,
Et le vaisseau romain, battu de toutes parts,
Sent trembler, sous l’assaut des vagues, ses remparts.
Sans chef ni gouvernail, sans voile ni pilote,
Comme une algue marine, au gré de l’onde il flotte.
Le hasard seul le mène et lui fait son chemin,
Sans savoir quel écueil il heurtera demain,
Comme on voit quelquefois, dans le cirque, un quadrige
Qui bondit, n’ayant plus de main qui le dirige,
Et va rompre, emporté par des coursiers sans frein,
Aux bornes ses essieux et son timon d’airain.