Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/55

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Le flot des nations, plein de rumeurs sauvages,
Grossit toujours et monte à fleur de ses rivages ;
Et, d’instant en instant plus obscur, l’horizon
Voit les foudres tracer sur sa vaste cloison
Leurs énigmes de flamme, effrayants caractères
Dont les Daniels seuls comprendraient les mystères.
De tous les points du ciel, lugubre et plein de bruit,
Un souffle d’ouragan gronde à travers la nuit ;
Car il est, ô Romains, fait de toutes les haines
Des peuples réveillés qui vont briser leurs chaînes,
Et fait, le savez-vous ? des malédictions
Que vous lance la voix des générations…
Mais vous n’entendez pas ces cris ni ces insultes,
Ni les vagues battant, comme des catapultes,
Les flancs du vieux navire où vous êtes montés.
Et vous ne voyez pas vos mâts décapités,
Ni l’abîme hurlant et sinistre qui râle,
Comme pour vous chanter son ode sépulcrale,
Ni, dans l’obscurité du ciel toujours plus noir,
S’éteindre par degrés tous les astres du soir,
Ni votre nef, qui sent l’eau sourdre en ses entrailles,
Livrer à chaque lame un pan de ses murailles
Si bien que l’univers sur l’océan romain
Ne verra plus flotter qu’une épave demain.
Et rien ne vous émeut, aveugles que vous êtes !
Et vous demeurez sourds au grand cri des tempêtes !