Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais toute nuit, hélas ! d’une aube se complique.
Le paganisme chante et le cirque réplique.
xxL’amphithéâtre est plein. Cent mille spectateurs
Des gradins étagés occupent les hauteurs.
Sous le velum, qui fait un charmant crépuscule,
On voit au premier rang Maximien Hercule,
Tigre humain dont le sort dut faire un empereur,
Et le peuple l’acclame avec joie et terreur.
Non loin des sénateurs accoudés sur leurs stalles,
Le front calme et serein, se placent les vestales,
Et l’on entend hurler, comme dans un enfer,
Tous les bourreaux du cirque en leurs cages de fer,
Les lions de Barca, les tigres de Nubie,
Les buffles écumants qu’enfante la Libye
Ou dont le Taurus, plein de sinistres secrets,
Voit, la nuit, flamboyer les yeux dans ses forêts,
Les panthères que l’Inde abrite aux bords du Gange
Et dont le grincement simule un rire étrange,
Les chacals de Pétra, les hyènes de Sur,
Les loups, fauves rôdeurs des montagnes d’Assur,
Les ours que le Liban cache sous ses vieux ormes,
Et jusqu’aux éléphants, blocs rugueux et difformes,
Dont le pied, en marchant de son pas coutumier,
Broie un cadavre humain ou le tronc d’un palmier.
Tous ces monstres, les yeux remplis d’éclairs, attendent.