Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/82

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« Les haches des bourreaux, les tenailles de fer,
« Comme sur du granit, s’émoussent sur ma chair.
« Les bûchers flamboyants s’éteignent quand j’y touche.
« Le plomb fondu se change en glace dans ma bouche,
« Et voici les lions, à ma vue effrayés,
« Comme des chiens soumis se coucher à mes pieds.
« Quand aurez-vous pitié de votre créature ?
« Oh ! laissez-moi rentrer du moins dans la nature ;
« Et, mesurant le crime, ô Dieu juste, au remord,
« Laissez tomber sur moi le pardon de la mort !
« Seulement, ô Seigneur, laissez-moi voir encore
« Sur la Rome chrétienne éclater votre aurore,
« Et monter votre croix, ce soleil radieux
« Sur l’Olympe, déjà trop étroit pour ses dieux ! »
xxPuis sa main quatre fois ramasse un peu du sable
Que rougit des martyrs le sang ineffaçable,
Et, le jetant dans l’air aux quatre points du vent :
« Regardez, reprend-il, ô Fils du Dieu vivant ! »
Ensuite, sans qu’un tigre ou qu’un lion proteste,
Il étend son manteau pieux sur ce qui reste
Des trois morts. Après quoi, pareil à Daniel,
Du cirque morne il sort en regardant le ciel.

Ô monde, prête Et la mort