Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/81

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« Et, me voyant venir de loin, la mère dit :
« Silence, mes enfants ; voilà l’homme maudit !
« À mes pieds fatigués toute porte se ferme.
« Et l’avenir encor, qui sait ce qu’il renferme
« D’angoisse, de souffrance et d’épreuves enfin,
« Mystérieux anneaux de ma chaîne sans fin ?

xx« Ô Seigneur, qui savez le nombre des étoiles,
« Perles d’or dont la nuit brode ses sombres voiles,
« Et comptez chaque jour dans leurs gouffres béants
« Les sables des déserts, les flots des océans,
« Vous savez tous les pleurs sortis de mes paupières,
« Vous avez entendu mes cris et mes prières,
« Vu les froides sueurs de mon front ruisseler
« Et senti sous vos mains tous mes membres trembler.
« Seigneur, j’ai tour à tour visité tous vos temples,
« De tous vos confesseurs médité les exemples,
« Interrogé vos saints dans les déserts discrets
« Où leur esprit entend votre voix de plus prés.
« Dans toutes les douleurs j’ai marqué mes étapes.
« Les catacombes m’ont admis à leurs agapes,
« Et souvent, dans le cirque où tombaient vos martyrs,
« J’ai prosterné devant la mort mes repentirs.
« Mais elle ne veut pas se faire ma complice.
« Le glaive à mes remords refuse le supplice.