Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/94

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Dans quel coin de l’empire, hélas ! trouver un gîte ?
Nombreux comme les flots que la tempête agite,
Nombreux comme au désert les sables voyageurs
Qui noyèrent Cambyse en leurs gouffres vengeurs,
Hier Ostie a vu de leurs barques fatales
Sur ses bords étonnés descendre les Vandales.
Toute l’Afrique est là. Dans leurs marais bourbeux
Les pâtres de Frégène ont abrité leurs bœufs.
Ils disent qu’Annibal revient, et qu’il ramène
Ses lances pour nous faire un second Trasimène.
Pourtant ce n’est pas lui ; c’est un autre, et l’on dit
Qu’un griffon lui forgea le glaive qu’il brandit.

un barbare.

C’est moi, c’est Genséric, et je viens de Carthage.
Entre elle et toi le sort ne veut plus de partage.
Du coursier d’Annibal j’ai mis à mon coursier
La bride aux clous d’airain et les sabots d’acier.
Le soleil de l’Atlas a brillé sur mes piques.
Mes chevaux ont brouté dans tous les lieux épiques,
Et, plus fortes encor que les mains d’Attila,
Mes mains ont muselé les lions de Thala.
Or je veux faire voir aux peuples que j’amène
Ce qu’il reste de dents à la louve romaine.