Page:Variétés Tome I.djvu/110

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de la Hinozosa, chevalier de l’ordre de Sainct-Jacques, lequel l’assista au dit logis jusqu’au jour de sa mort. Deux coffres remplis d’escritures, qui furent trouvés chez un sien parent, esclaircirent beaucoup d’affaires procedant aux informations. Il fut mis à la question, où il endura tous les tourmens de la gesne, et la seconde fois il l’eust extraordinairement, laquelle il supportoit avec autant de constance et generosité comme auparavant. Toutes les ceremonies de justice furent observées avec tel droit et equité, que lui-mesme en loüoit grandement la procedure, et les juges en beaucoup d’occasions. Il ne sortoit hors de la chambre, qui estoit celle où il couchoit du precedent, petite et très obscure ; c’est pourquoy il y avoit tousjours de la chandelle, et n’entroit en icelle que deux gardes de porte, qui se changeoient à certaines heures, et un sien serviteur, auquel n’estoit permis de sortir, qui luy donnoit ce qui luy estoit necessaire. Le reste des gardes estoient dehors, au nombre de dix-huict hommes, sans lesquels jamais ne s’ouvroit la porte. Aucune personne de qualité ne parla à luy jusques à ce que sa sentence fut donnée, sinon ses procureurs, advocats et son confesseur, non toutesfois sans la presence de ceux de sa garde. La plus grande partie du temps il estoit au lict, qui fut cause qu’estant assailly d’une goutte, difficilement pouvoit-il marcher sans l’aide d’un baton pour aller à costé d’icelle, où estoit construit un petit oratoire fait exprès pour lui faire entendre la saincte messe, assisté tousjours de sa garde. Il y avoit aussi une autre chambre où ses juges instruisoient son procès. En la grande salle