Page:Variétés Tome I.djvu/111

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estoit la marquise sa femme, qui recevoit toutes ses visites.

Le neufiesme de juillet luy fut notifié deux sentences, l’une pour les fautes qu’il avoit contre le civil, et l’autre à cause du crime de lèse-majesté ; par icelle liberté luy fut donnée, parceque le procureur fiscal qui l’avoit accusé complice de la mort de dame Marguerite d’Austriche, reyne d’Espagne9, ne peut en faire preuve vallable ; mais pour les assassinats de dom Alphonse de Caravajal, reverend père Christofle Suarez, de la compagnie de Jesus, Pedro Cavallero et Pedro del Camino ; pour l’emprisonnement et mort d’Augustin de Avila, vivant sergent en la cour, et tout ce qui se passa en sa mort, et même pour avoir commis et fait faire l’assassinat contre la personne de Francisco de Xuara, par les mains d’un sergent de compagnie nommé Juan de Gusman, et pour avoir impetré de Sa Majesté (lequel est en gloire) remission de ses delictz, faussetez et mensonges, fut condamné que, de la prison où il estoit, il seroit mené sur une mule sellée et bridée (qui est l’ordre de mener les criminels de qualité, car les autres on les meine sur des ânes), avec un crieur, lequel publieroit ses fautes, et de ceste sorte seroit mené par les rues accoustumées de la ville, et conduit au lieu patibulaire, au quel lieu il seroit pour cet effect dressé un theatre, et que sur iceluy il seroit degorgé (qui est la


9. Marguerite d’Autriche, fille de l’archiduc Charles, duc de Styrie, femme du roi Philippe III, morte le 8 octobre 1611.