Page:Variétés Tome I.djvu/113

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estoit si grande, que par plusieurs fois frère Gabriel du Sainct-Esprit, religieux de l’ordre des carmes (exemple de toute religion), lequel l’assistoit journellement, le reprint d’une si grande cruauté qu’il usoit sur son corps, tant en jeusnes, disciplines, mortifications de chair, comme d’oraisons et repentance de ses pechez, et outre plus une grande patience de ses maux, lesquels il representoit à Dieu pour la diminution de tous ses pechez. Pendant ce temps, il se confessa et communia par plusieurs fois, non jamais sans avoir les yeux baignant en pleurs.

Il lui fust signifié le mardy au matin, dix-neufiesme d’octobre, qu’il eust à faire testament de deux mille ducats, et qu’il se disposast pour souffrir la mort dans trois jours consecutifs. Il donna mille embrassemens à celuy qui luy apporta ceste nouvelle, le remerciant du bonheur qu’il luy apportoit pour sortir si promptement d’une si miserable vie et pour voir la fin de ses travaux ; de rechef il impetra très affectueusement la misericorde de Dieu, disposa aussi de son âme au mieux qu’il luy fut possible, s’apprestant comme bon chrestien à la dernière heure. Le jour venu, il ne cessa de se discipliner, sans prendre aucune refection, pleurant tousjours ses fautes devant un crucifix et un image de la saincte mère Therèse de Jesus, au quel il avoit une singulière devotion ; il pria que l’on luy portast devant luy jusques à la mort. Ce dit jour il deschargea le sergent Juan de Gusman, condamné avec luy à la mort pour l’assassinat de Francisco de Xuara, et confessa qu’il avoit donné une memoire signée