Page:Variétés Tome I.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

manière comme sont punis les criminels de qualité, car on ne décolle par derrière que les traistres) ; et par sa sentence civile, laquelle l’on dit contenir deux cens quarante-quatre delicts, a esté condamné à un milion deux cens cinquante mil ducats, et pour chapitre final, où fut remis beaucoup d’offences touchant le dit civil, a esté condamné à tous et tels offices, tiltres, dons et choses qu’il possédoit, et en tout son vaillant, sans faire mention de ses enfans, qui sont deux masles, et tout cecy il entendit avec une grande generosité de cœur, se remettant entre les mains de Dieu. Pour le diffinitif de la sentence, et pour estre bien examinée, fut nommé d’avantage les juges que cy-dessus, desquels dom Rodrigo en recusa quelques uns, et à cause d’icelle recusation en fut nommé d’autres ; il fut declaré ignoble, parquoy il fut condamné à douze mil maravedis, qui est une amende que doivent les criminels de qualité. Et pour n’avoir les juges approuvé le consentement de la mort de la reyne, quelques jours après ses advocats et procureurs appelèrent que la sentence ne s’executast, parceque la loy du pays ne permet d’executer les sentences criminelles le mesme jour, ains les laissent quelque espace de temps pour avoir recognoissance de leurs fautes. Si tost qu’icelle sentence lui fust notifiée, l’on donna permission à tous religieux de le visiter, et le disposer de se resoudre à la mort ; ce que voyant s’y resoult. Il diminue donc son manger, ne dort en lict, et se règle du tout à penitences et disciplines. Il passoit les jours à plorer ses pechez et offences, et les nuicts à oraison, demandant pardon à Dieu. Sa penitence