Page:Variétés Tome I.djvu/119

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ce pays au lieu de torches, et s’apprestoit-on à faire de grandes solennitez pour l’enterrement d’un personnage tel qu’il estoit ; mais il vint un commandement et deffence que aucun ne l’eust à assister au dit enterrement, et ne fust permis à aucune personne de le descendre pour l’ensevelir honorablement, et fut enseveli par les deux femmes qui ordinairement ensevelissent les criminels. Ses vestemens furent delivrez à l’executeur par les officiers de la justice. Il fut depouillé devant tout le peuple ; je ne sçay cœur si dur qui n’en eust eu pitié. Pardessus une tunique blanche il luy fut mis la robbe d’un cordelier, parce que c’est la coustume du pays que, lors qu’on ensevelist une personne, s’il a devotion à quelque religion, on lui met une robbe des dits religieux avec luy. Il ne fut mis dans un coffre, ains dans la mesme bière de sa parroisse, et fut couvert avec la même bayette noire, et porté sur les espaules par les six frères d’Anton Martin, qui sont ceux qui portent les executez. Deux croix des confraires de la Paix et de la Misericorde l’accompagnèrent ; six pauvres avec six flambeaux, et quatre prestres de la parroisse, et le portèrent sans qu’on sonnast aucune cloche au monastère des Carmes penitens, où il requist estre inhumé au capitoire. Ces bons pères avoient tendu leur eglise de noir, et dirent pour luy plusieurs messes et autres prières. Le desaccoustrant de ses vestemens, il fut trouvé une très apre haire. L’acte de la contrition (qui est une image de Nostre Seigneur portant la croix) lui fut trouvé sur son estomach, un chapelet de bois en sa pochette, et tout son corps meurtry et deschiré des grandes