Page:Variétés Tome I.djvu/14

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Et d’autant que monsieur le thresorier ne m’en veult pas faire la raison, la nécessité me contraint de supplier humblement vous autres, Messeigneurs et autres personnes honorables qui aymez les lettres, qu’il plaise à chacun de vous (quand l’occasion se présentera) de remonstrer et persuader audit thrésorier qu’il acquerroit honneur, avec la grace de Dieu et des hommes, en faisant plaisir (suyvant le bon vouloir du roy) aux personnes qui traictent les lettres, font service au roy et au publiq, et spécialement en me payant ce qui m’est deu et ordonné par sa dicte Majesté, afin que m’acquite envers les gens de bien qui m’ont presté argent durant le mauvais temps qui a couru, et aussi que j’aye moien d’avoir du pain et des habilements en l’aage où je suis : car autrement (à mon très grand regret) je seray contrainct, après que j’ay servy fidellement quatre grands roys, par l’espace de trente-quatre ans, de mendier et demander l’aumosne (avec grande honte) à toutes personnes que je cognoistray aymer les lettres, plus tost que de mourir de faim en languissant.