Page:Variétés Tome I.djvu/163

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lesquels avoient chacun un des beaux regimens qu’on puisse jamais avoir veu depuis la memoire des hommes, et estoient naguères arrivez du Lyonnois pour aller recognoistre la place. Le vingt et deuxiesme du dit mois, ils commencèrent la première escarmouche, qui dura l’espace de cinq grosses heures, et nos ennemis furent chargez de telle furie, par l’aide de Dieu, qu’enfin ils ne trouvèrent rien plus commode pour leur advantage, sinon de se mettre à couvert dans leur fort, où, pour obvier à la perilleuse gresle qui menaçoit leurs oreilles empoisonnez, se retirèrent au petit pas ; mais au preallable de ce faire, on trouve qu’ils avoient bien perdu de leurs gens pour le moins deux cens hommes de guerre.

Le lendemain, qui estoit le 23 du mois, nos gens retournèrent de rechef pour leur faire quitter leur fort, et lors ils cogneurent que c’est une chose merveilleusement dure, pierreuse et ferme en la faulse opinion que le cœur de l’heretique, accompagné et aveuglé tousjours d’une temerité outrecuidée, de sorte que ce n’est pas sans juste occasion que sainct Augustin dit ces mots en son 22e livre contre Fauste. Car il faut entendre que les canonnades envoyées de la part des nostres ne les esmouvoient non plus qu’une pierre, tant y a qu’ils receurent une seconde charge quatre heures durant ; mais par ce que les deux susdits regimens n’avoient bastante quantité de canon, ils ne peurent passer plus outre9.

De façon qu’ayant rebrousé chemin vers le village


9. Il est curieux de voir ici comment l’écrivain catholique pallie la défaite du duc ; mais il est plus intéressant encore