Page:Variétés Tome I.djvu/166

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ou un signe evident de la perte et ruine totale d’un tel bordeau. Partant, je luy mettray ce vers en avant comme en façon d’advertissement :

Tunc tua res agitur, paries cui proximus ardet.

D’avantage l’experience, maistresse des choses, nous fait sage et nous apprend journellement que nostre Dieu a de coustume de punir griefvement les pecheurs et delinquans par les mesmes choses contre lesquelles le peché est commis ; comme, pour exemple, nous avons veu depuis quelque temps en ça que le plus inique tyran que la terre jamais porta, pour s’estre attaqué trop irraisonnablement à l’Église, faisant malheureusement assassiner les princes debonnaires et chefs de la religion, enfin luy-mesme a perdu la vie par le moyen du plus humble et plus simple serviteur de l’Église de Dieu. N’est-ce pas donc chose raisonnable, et voire plus que raisonnable, puisqu’il est ainsi que ce peuple malheureux de Genève ne cesse journellement de blasphemer contre le sainct feu, qui est le purgatoire, voulant tollir et du tout abolir son estre, soit aussi griefvement puny par le feu mesme, et voire en ce monde present aussi bien comme en l’autre ?

Or, pour reprendre le fil de nostre discours, le premier jour du moys10 en suivant l’on retourna as-


10. Notre auteur omet à dessein les entreprises malheureuses tentées par les troupes du duc, à la fin de juin, contre Bonne. Spon, au contraire, n’a garde de les oublier. « La garnison, dit-il, n’étoit que d’environ cent cinquante hommes, et ceux-là, croyant dejà les tenir, leur crioient, en les