Page:Variétés Tome I.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

laquelle (jaloux de la conservation de leurs dicts priviléges plus que de leurs femmes mesmes) envoyèrent incontinent des deputez au roy7, pour l’advertir de ce qui s’estoit passé avec le dict Antonio Perès, promettans, s’il avoit delinqué, d’en faire la justice par la rigueur des loix du pays, lesquelles ne permettent qu’un gentilhomme puisse estre puny de mort ni ses biens confisquez, pour quelque crime et forfaict que ce soit. Sa Majesté les loüa de l’avoir retenu prisonnier, mais monstra desirer qu’il fust ramené par deçà ; à quoy ils ont tousjours contredict, comme chose repugnante à leurs dicts priviléges : de manière que, pour tirer ledict Perès de leur pouvoir et le mettre ès mains de la justice de sa dicte Majesté au dict lieu de Sarragoce, il fut ordonné au vice-roi de là de le faire transporter de la prison où il estoit en un lieu hors la ville, qui est en forme de chasteau, où se mettent ceux qui sont accusez de l’inquisition8, ce qui fut executé au mois de juillet dernier ; mais ses parens et amis firent telle clameur parmy le peuple que l’on leur vouloit oster leur liberté et priviléges, leur remontrans le mal qui en


6. M. Miguel ne parle pas de cette députation vers Philippe II, qui nous semble du reste fort invraisemblable.

7. Philippe II, à qui Perez échappoit toujours comme coupable, avoit en effet trouvé moyen de le rendre justiciable de l’Inquisition en le chargeant du crime d’impiété ; et ce furent non pas les officiers du roi, comme il est dit ici, mais les alguazils du saint-office, qui eurent ordre d’aller se saisir de lui pour le mener de la prison des Manifestados dans celle de l’Inquisition, ce qui fut cause du mouvement populaire dont il va être parlé.