Page:Variétés Tome I.djvu/182

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resulteroit s’ils enduroient ce qui estoit advenu, qu’à l’instant plus de six mil hommes prindrent les armes, accoururent au logis du gouverneur, où estans entrez de force, ils tuèrent quelques uns de ses gens et le blessèrent, de sorte que quelque temps après il mourut8 ; furent aux maisons des juges de l’inquisition, les contraignirent, les armes à la gorge, de sortir le diet Perès du lieu où il avoit esté mené, et le remettre en leurs mains, et, s’imaginans que le roy, pour avec plus d’apparence le pouvoir faire mourir, vouloit qu’il fust accusé par devant les dicts juges de l’inquisition, voulurent qu’il fust examiné par eux sur toutes choses qui concernent la dicte inquisition, et le firent declarer innocent et exempt d’en estre recherché. Depuis, au mois de septembre, sa dicte Majesté, estant mal satisfaicte de ce qui s’estoit passé, commanda à ceux qu’elle sçavoit luy estre obeissans, de tirer de nouveau le dict Perès du lieu où il estoit gardé, pour le remettre en l’autre où auparavant elle avoit ordonné qu’il fust conduict ; à quoy ceux auxquels ce commandement s’adressa desirans d’obeyr, et neantmoins doutans qu’il ne se peust faire seurement sans estre assistez de forces, firent mettre en armes un bon nombre d’hommes, pour, à l’aide d’iceux, executer ce qui leur estoit ordonné. Mais le peuple et ceux qui avoient esté au-


8. C’est pendant qu’on l’entraînoit loin de son palais que le gouverneur, à qui l’on avoit arraché son bonnet et sa cape, reçut trois coups de couteau à la tête et un à la main. « On le déposa tout meurtri et ensanglanté dans la prison vieille, et quatorze jours après il mourut de ses blessures. » Mignet, pag. 159–160.