Page:Variétés Tome I.djvu/193

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Bryare le jeune, Belargent, Macret et Laurent Hattier, tous armez de fusils, mousquetons, espées nues et d’instruments non encore usitez, et qu’autres que des frippiers n’auroient pu inventer, tous lesquels, renians et blasphemans, se ruèrent impetueusement sur ledit Bourgeois, l’outragèrent de coups de poings et de pieds en toutes les parties de son corps, le frappèrent du bout de leurs armes, luy arrachèrent les cheveux, luy donnèrent plusieurs coups de ces meurtrières nouvelles, qui sont peaux d’anguilles et lizières de drap, entre lesquelles sont cousuës dix balles de mousqueton des plus grosses8, desquelles ils luy donnèrent plus de cinquante coups, dont la moindre blessure est mortelle, et, entre autres, le nommé Briard le jeune, frippier. Il eust pourtant assez d’adresse et de vigueur pour s’eschapper des mains de ces bourreaux, mais ce ne fut pas pour long-temps : car, n’ayant que des pantoufles à ses pieds et des chaussettes non liées à ses jambes, il ne put guère courir sans broncher, et par ainsi retomber plus perilleusement encore au pouvoir de ses ennemis, lesquels, après l’avoir traisné d’une partie dudit cimetière par les pieds, la face contre terre, le saisirent qui par les bras, qui par les jambes, qui par les cheveux, et, après avoir redoublé sur luy les effects de leur cruauté, de


8. « On dit qu’ils ont une lisière longue d’une aulne et large de quatre doigts, et que dans cette lisière ils mettent des balles de plomb ou quelques pièces de fer, avec quoi ils frappent les vendeurs de vieux chapeaux ou ceux qu’ils veulent chastier. » Relation véritable de ce qui s’est passé au meurtre d’un jeune garçon…