Page:Variétés Tome I.djvu/196

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pour executer de plein jour et au milieu des rues le pernicieux complot fait en sa maison contre ledit Bourgeois. Pour cet effet, il supposa avoir un ordre de la ville pour l’y conduire, lequel ne pouvoit estre que faux ou mandié après temps, puisque, comme il a esté remarqué cy-devant, ledit Bourgeois avoit esté enlevé dès les cinq heures et demie du matin, auquel temps ledit Amand ne pouvoit pas avoir obtenu un ordre de la ville en la forme et avec les circonstances qu’il l’a depuis fait paroistre. Il ne laissa de commander audit Bourgeois de le suivre, qui repondit ne le pouvoir faire, estant tout roué et ayant le genouil cassé de coups ; et il le pria de luy envoyer querir une chaise, avec offre de la payer. Une chaise ! repartit Amand en luy dechargeant un soufflet, cela est bon pour les princes ; mais à toy, il te faut un tombereau. Neantmoins, quelqu’un de la bande se mit en peine pour cela, et on fist apporter une sorte de fauteüil, laquelle sert à porter à l’Hostel-Dieu les pauvres malades. Ledit Amand envoya querir quelques paquets de mesches et de cordes, et commanda de lier ledit Bourgeois sur ledit fauteüil, ce qui fut promptement executé par les nommez Masselin et Sayde, sergens de la compagnie, sçavoir par le millieu du corps, les bras sur les appuis du fauteüil et les jambes separement sur les batons qui servent à le porter, et cela si rudement et serré, que les cordes en demeurèrent imprimées en sa chair ; envoya querir deux crocheteurs pour le porter, ausquels il repondit en son nom de leur salaire, duquel il les fit satisfaire le lendemain par sa femme. Cet innocent captif, sans