Page:Variétés Tome I.djvu/217

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avoir descrié la maison d’une princesse liberale, qui de son vivant leur a fait tant gaigner d’argent à ses batimens.

— Escrivez, greffier :

« Il est enjoint aux damoiselles de Dannemarc de donner la verolle à tous les autres creanciers, en punition de ce qu’ils ont esté si vilains de decrier la maison d’une princesse qui leur a fait de son vivant plus de bien qu’ils ne merittent, sans qu’ils puissent demander cy après autre payement, et les deniers provenans de la vente de la maison confisquez à l’Hostel-Dieu. »

Appelez un autre.

— Mathieu, Mathieu, vous estes un paresseux !

— Monsieur le lieutenant, excusez-moy : j’estois empesché à assister au Te deum que les officiers de l’escritoire13 ont fait chanter en l’eglise S.-Bon pour le grand bien et pratique que leur ont donnée ceux qui ont mis le feu au pont.

— Plaidez.

— Monsieur, je plaide pour Guillaume le Sourd, pauvre cocher, homme fort bon et paisible, pourveu qu’il aye tout ce qu’il luy faut, lequel s’est loüé à un honneste homme, jeune financier, nouveau maryé, pour la conduicte d’un carosse qu’il a esté


13. Il s’agit ici, soit des officiers de justice, qui durent trouver leur profit dans les procès entre les locataires et les propriétaires, conséquence naturelle de l’incendie des maisons du Pont-au-Change ; soit des marchands d’encre, qui étoient nombreux autour de l’église Saint-Bon, et auxquels le même incendie et la destruction des boutiques renommées des marchands leurs concurrents avoient dû, en effet, envoyer bon nombre de pratiques.