Page:Variétés Tome I.djvu/218

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contrainct d’avoir, parce que sa femme l’en pressoit fort, auquel cocher on a promis deux sols par jour pour son vin, du potage le matin et un morceau de cher le soir, avec une casaque des couleurs de Madamoiselle, outre les gaiges de cinquante livres par an. Or il a esté fort bien payé de ce que dessus huict ou quinze jours durant ; mais à present on luy veut retrancher son vin et sa cher, d’autant qu’il ne travaille pas beaucoup, et que ny Monsieur ny Madamoiselle n’ont aucune maison aux champs, et que leur parenté est de basse condition, que l’on ne visite point en carosse, et n’ont pour tout que le promenoir du cours du bois de Vincenne. Et quant il dit à Monsieur que ce n’est pas la raison de luy retrancher son vivre, il fait reponce qu’il faut aller selon la jambe le coup, qu’il faut faire petite despence pour l’entretenement de Madamoiselle, autrement qu’il seroit taillé d’avoir un substitud, aussi qu’il luy a fallu financer cette année une grosse somme de deniers pour une nouvelle attribution faite à son office, qui luy a emporté tout son argent et absorbé ses gaiges ; de quoy ma partie n’a que faire, et à quoy elle vous supplie avoir esgard, et ordonner que son maistre sera tenu de luy bailler ce qu’il luy a promis, sans que pour le chasser il puisse luy oster sa casaque de livrée, comme il l’a menacé.

— Escrivez, greffier :

« Il est ordonné que la damoiselle fera une conversion d’appel en opposition, qu’elle reprendra son chapperon de drap, fera vendre son carosse et ses chevaux pour vivre plus modestement et n’en faire point accroire à ceux qui voyent bien cler ; qu’elle