Page:Variétés Tome I.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

payera et chassera son cocher, et en son lieu qu’elle nourrira trois poulles et un coq pour avoir des œufs pour les vendredis. » Appelez un autre.

— Cabarin ! Cabarin ! plaidez, et ne vous amusez plus à vendre du son.

— Monsieur le lieutenant, je plaide pour plusieurs habitants de Paris qui ont juste occasion de plainte à l’encontre de messire Ravanalo di Bosco14, Italien de nation, soy-disant ingenieur, refugié de son pays à cause qu’il est encores à choisir une religion, qui a entrepris de fournir tous les jours aux bourgeois un muid d’eau par la subtille invention qu’il a trouvée d’un moulin à vand dressé au haut d’une maison en l’isle de Nostre-Dame, lequel moulin à vand il n’ozeroit faire tourner, d’autant qu’il esbranle toute la maison où il est posé, et qui ne peut durer six mois en continuant à tourner ; si bien que, au lieu du dit moulin, il est contraint de faire travailler des chevaux aveugles, encore ne peut-il venir à bout de son entreprise ; si bien que les dits bourgeois, qui ont fait de grands frais, chaument d’eau, et sont contraints de recourir au secours des porteuses d’eau comme auparavant. Je demande qu’il ait à nous descharger de la rente qu’il pretend sur nostre heritage pour ledit cours d’eau, ou qu’il face joüer son angin.



14. Il y avoit alors à Paris plusieurs Italiens qui s’occupoient, comme celui dont on parle ici, de travaux hydrauliques. Olivier de Serres, dans son Théâtre d’agriculture (in-4º, II, 555–557), s’étend longuement, par exemple, sur les travaux de Balbani, qui vers le même temps construisit une magnifique citerne dans l’hôtel de Sébastien Zamet.