Page:Variétés Tome I.djvu/308

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toutes les ruses et stratagèmes dont il falloit user pour avoir tels voleurs, car en fin finale, ils furent prins avec le capitaine Guillery17, qui fut accablé soubs la foule qui les arresta, et tandis les autres passent outre à tirer vers la mer, où ils trouvent une navire sur le bord, où ils ravagent et tuent la plus part de ceux qui estoient dedans, puis ils se mettent sur la mer où ils se sont encore mis à escumer et ont faict plusieurs voleries.

Estant donc le capitaine Guillery demeuré pris avec environ quatre vingt de ses gens, il est mené à Saintes, où son procez luy fut faict dès le lendemain, et luy condamné à la rouë avec tous ses complices, qui furent rouez en plusieurs lieux, pour donner exemple ; mais lui fut executé à la Rochelle, où estant sur l’eschaffaut, d’un visage rassis et d’une contenance qui marquoit bien son assurance, sans aucun effroy, il arrache ces pitoyables paroles du milieu de ses remors qu’il pousse dehors, en presence de toute l’assistance, qui estoit composée d’une infinité de personnes qui accouroient de toutes parts à ce spectacle.

« Je pense qu’il n’y a personne de vous autres, Messieurs, qui ne soit icy pour contenter ses desirs en


17. C’est le frère du grand Guillery, dont il est parlé au commencement de cette pièce. Quant à lui, il s’est sauvé, comme nous venons de le voir ; d’après l’Histoire de la vie et grandes voleries…, il s’en va dans les environs de Bordeaux, y vit quatre années environ en riche gentilhomme, puis, découvert par un marchand qu’il avoit autrefois volé, il est pris et rompu sur la place publique de La Rochelle.