Page:Variétés Tome I.djvu/50

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luy faisoit apprehender leur blasme et le chastiment de son père, elle auroit, par mauvais conseil, resolu de dissimuler sa faute, tellement sollicitée de son malheur, que mal assistée en son part10, son fruict se seroit treuvé meurtry : si que, pour reparation, elle auroit esté condamnée à avoir la teste tranchée par sentence rendüe au bailliage de Bourg11, confirmée par arrest de nostre Parlement à Dijon du 12 du present mois ; en suitte de quoy, la suppliante delivrée à l’executeur de la haute justice, et par lui conduitte au lieu du Morimont en nostre-ditte ville de Dijon, après avoir fait ses prières à Dieu, et soumise au supplice ordonné, ledit executeur luy auroit eslancé un coup de coutelas sur l’espaule gauche12, dont elle seroit tombée sur le car-


10. Partus, accouchement.

11. Le rang qu’occupoit sa famille l’avoit fait condamner non à la pendaison, mais à la mort par le glaive, supplice des nobles.

12. « Le bourreau, lisons-nous dans la relation citée tout à l’heure, qui n’entendoit pas son métier, lui fait hausser le menton et retirer le cou pour la prendre de côté, et à l’instant lui décharge un coup sur la mâchoire gauche, glissant au cou, dans lequel il entre du travers d’un doigt. La patiente tombe sur le côté droit. Le bourreau quitte ses armes, se présente au peuple et demande de mourir. On commençoit déjà à exaucer sa demande, les pierres volant de tous côtés, lorsque la femme du bourreau, qui assistoit son mari en cette occasion, releva la patiente, qui en même temps marcha d’elle-même vers le poteau, se remit à genoux et tendit le cou. Le bourreau éperdu reprend le coutelas, que sa femme lui présentoit, et décharge un second coup, que la pauvre victime reçoit sur l’épaule droite, sans la blesser que