Page:Variétés Tome I.djvu/71

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siècle sommes-nous ? Vit-on jamais tant de bombance et de superfluitez qu’on en voit maintenant ? Qui vid jamais tant de singes et tant de singeries ? Ma commère a un cotillon à fleurs, et toutefois elle n’est point si riche que moy : pourquoy mon mary ne m’en donnera-il point ? S’il ne le fait, je sçay bien le moyen d’en avoir qu’il ne me coustera rien. — Et moy, qui suis grosse marchande, sera-il dit que ceste mercière sera plus brave que moy ? Il faut resolument que je me face raccommoder tout de neuf. Et ainsi des autres.

Pleust à Dieu que les singes et singeries4 fussent dans un basteau et s’en allassent tous au vent ! Nous ne serions point en la peine où nous sommes.

Adieu.


4. Rabelais, dans un passage de son Gargantua, chap. XL, passage que Voltaire a visiblement imité dans sa satire du Pauvre diable, sans que personne l’ait encore remarqué, établit entre les moines et les singes la même comparaison qui a été faite ici entre les singes et les femmes.