Page:Variétés Tome I.djvu/70

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et principalement pour le susdit, qui depuis a juré qu’il n’avoit jamais dansé à telle feste.

Mais ces singeries-là n’ont rien d’esgal à celles qui se joüent au cours, où toutes les Nimphes, Orcades, Naiades, Driades, Bocagères, Montaigneuses et autres, se rencontrent avecque les Satirs, Capripèdes, Chevrepiés, Silvains, et telles manières de gens qui font leurs affaires sans chandelle et qui ne vont qu’à tatons. Dernièrement il me print une humeur d’y aller ; mais je ne sçay si seray metamorphosé en Acteon : car je vis une belle Diane de la rue Sainct-Anthoine toute nue entre les bras d’un gentil-homme de la rue Dauphine ; mais en ma vie je ne fus si estonné, et à peine que de ravissement les cornes ne me montèrent en la teste.

Je ne veux oublier les singeries de ceste grande dame à cinq estages de la rue Sainct-Jacques, qui toute nuict fait la sucrée et la Diane, et le matin, quand son mary est dehors, se donne du bon temps et passe ainsi sa jeunesse.

Je ne veux aussi oublier par mesme moyen celle du costé des Bernardins, qui enferme son mary dans une chambre cependant qu’elle luy plante des cornes sur le front. Tout cela peut estre appellé singeries.

Mais, pour conclure, n’est-ce point une vraye singerie de voir les femmes de crocheteurs vouloir faire les bourgeoises, et les bourgeoises imiter les damoiselles, et celles-cy les princesses3 ? En quel


3. On trouve de pareilles plaintes sur le luxe croissant des bourgeoises dans les Caquets de l’accouchée (passim), et dans une autre pièce du même temps : le Satyrique de la court, 1624, in-8º, pag. 13–15.