Page:Variétés Tome I.djvu/78

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Ay’nt une beauté qui surmonte
Les marbres polis et taillez ;
Ses pieds ay’nt la forme divine
Des pieds de la nymphe marine.
—-Les autres beautez soient pareilles :
J’entends celles qu’on ne voidt pas,
Et dont les secrettes merveilles
Àttrairoient les dieux icy-bas,
Et feroient marcher en trophée
Les monts et les bois, comme Orphée.
—-Mais, si je la veux excellente
Et parfaitte en beauté de corps,
Je la desire aussi brillante
Par dedans comme par dehors,
Recherchant un esprit en elle
Qui soit digne d’une immortelle.
—-J’entends qu’elle soit bien apprise
Toujours dans la civilité ;
Qu’elle parle avec galantise,
D’un entendement arresté,
Sans vouloir estre dedaigneuse
Que par une feinte amoureuse.
—-Je veux (si, partant de l’enfance,
On peut acquerir un tel art)
Qu’elle ait parfaitte cognoissance
De tous les escris de Ronsard
Et de tous les chants de Petrarque,
Dignes de surmonter la parque.
—-Je veux qu’elle adore leur style,
Dont l’air est toujours de saison,
Dont la seule voix est habile
Pour une fille de maison :