Page:Variétés Tome I.djvu/79

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Le jargon d’un autre langage
Est pour les filles de village.
—-Rien d’austaire je ne desire,
Ny de revesche en son humeur :
La severité n’a l’empire
Que sur le fait d’un age meur.
Les ris, les jeux et les blandices
D’amour sont les vrays exercices.
—-Je veux donc qu’elle soit gaillarde
Comme un chevreuil dedans un bois,
Impatiente et fretillarde,
Et moderement, toutesfois,
Car en cette humeur vive et prompte,
Mon desir est qu’elle se domte.
—-De plus, je veux que ses œillades
Facent mille et dix mille tours,
Soit pour rendre les cœurs malades,
Soit pour alleger leurs amours,
Donnant, comme Achille en Mysie,
D’un coup et la mort et la vie.
—-Je veux qu’à la dance elle monstre
Je ne sçay quoy de nompareil,
Et que son chant, de sa rencontre,
Plonge les yeux dans le sommeil,
Quand au luth ses mains charmeresses
Joindront ma peine ou mes liesses.
—-Je la souhaitte bien parée,
Nette, propre et sans afficquets,
N’estant seulement bigarée
Que de perles et de bouquets
À l’oreille, au col, sur la teste :
L’excès est tousjours mal honneste.