Page:Variétés Tome I.djvu/80

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—-Aussi la desiré-je encore
De bon sang et de bons ayeux,
Affin que mieux elle decore
Les graces qu’elle aura des cieux
Toujours une eau claire desrive
Et jaillit d’une source vive.
—-Pour cela, qu’elle ne mesprise
Les fers de ma captivité ;
Le soleil, bien qu’il ne reluise,
Empesché de l’obscurité,
Ne laisse pas neantmoins d’estre
Le soleil comme il est veu naistre.
—-Bref, je demande qu’elle passe
Toutes les filles de son temps
En gentillesse, en bonne grace,
Pour rendre mes esprits contens,
Et pour gaigner en mon service
Un nom qui jamais ne perisse.
—-Telle je veux une maistresse
Pour loüer ses jeunes beautez
Et pour en faire une déesse
Là-haut, parmy les deitez,
Qui, la voyant si bien choisie,
En auront de la jalousie.
—-Mais toutesfois, si quelque belle
Et d’autre air et d’autre couleur,
Me fait voir quelque chose en elle
Digne de penetrer un cœur,
À l’heure, je ne veux pas dire
Que peut-estre je ne l’admire.
—-Ainsi donc me plaist-il de vivre
Eslogné des soins de la cour ;