Page:Variétés Tome I.djvu/97

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en quelque vilotte ou bourgade, ils ne manquoyent, par le moyen de leurs maudits et pernicieux charmes et sorcilléges, de faire secher les bleds, et de mesme aux vignes, et, pour le regard du bestail, il languissoit quelque trois sepmaines, puis demeuroit mort, tellement qu’une partie du Piedmont a senty que c’estoit de leurs maudites façons de faire.

Tout aussi tost qu’ils avoient fait joüer leurs charmes en quelques lieux par leurs arts pernicieux, ils se faisoient porter par les diables dans les nuées, de ville en ville, et quelquefois faisoient cent ou six vingts lieües le jour ; mais comme la justice divine ne veut longuement souffrir en estre les malfacteurs, Dieu permit qu’un curé nommé messire Benoist la Faye, natif d’Ambuy, près de Bourdeaux, estant allé à Dole pour poursuivre un du lieu auquel il avoit presté une somme notable, et pour autant qu’il falloit que le dit messire Benoist s’en retournasse à Bourdeaux pour faire enqueste de ce prest, attendu que sa partie nioit, il ne fut pas loin d’une harquebusade de Dole qu’il trouva ces Espaignols et leur suivante, lesquels se mirent en compagnie avec, luy demandèrent où il alloit. Après le leur avoir declaré et conté une partie de son ennuy, et se faschant de la longueur du chemin qu’il avoit à faire, tant d’aller que de revenir, et mesme que les juges ne luy avoient baillé qu’un mois de delay, et passé iceluy il seroit forclos, un de ces Espaignols, nommé Diego Castalin, luy dit ces mots : Ne vous desconfortez nullement ; il est près de midy, mais je veux que nous allions coucher à