Page:Variétés Tome I.djvu/98

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Bourdeaux. Le curé pensoit qu’il le disse par risée, veu qu’il y avoit près de cent lieues ; neantmoins ce, après estre assis tous ensemble, ils se mirent à sommeiller. Au reveil du curé, environ les six heures du soir, il se trouve aux portes de Bourdeaux avec ces Espaignols.

Estant enquis de ses amis qu’il avoit fait, il monstre ses actes faites du mesme jour dans Dole. Nul ne peut croire ce fait ; il asseure au contraire. Un conseiller de Bourdeaux en fust adverty : il voulut sçavoir comment cela s’estoit passé ; il declare les trois Espagnols et la femme qu’ils menoient ; on fouille leurs bagages, où se trouve plusieurs livres, caractères, billets, cires, cousteaux, parchemins et autres denrées servant à magie ; ils sont examinez, ils confessent le tout, et plus que l’on ne leur demandoit, disant entre autres d’avoir fait, par leurs malheureuses œuvres, perir les fruits de la terre aux endroits où il leur plaisoit ; d’avoir fait mourir plusieurs personnes et bestail, et estoient resolus, sans ceste descouverte, de faire plusieurs maux du costé de Bourdeaux. La Cour leur fit leur procez extraordinaire, qui leur fut prononcé le premier mars mil six cens dix, en la manière que s’ensuit :

Extrait des registres de la Cour de Parlement.

Veu par la Cour, les chambres assemblées, le procez criminel et extraordinaire par les conseillers à ce deputez, à la requeste du sieur procureur general du roy, en ce qui resulte à l’encontre de Diego Castalin, natif de