Page:Variétés Tome III.djvu/143

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chrestienneté5, quy est chose bien doutable, et pour obvier à la mauvaise volumté et persuasion des dicts Turcz, Nous avons ordonné et ordonnons que doresnavant tous hommes naturels, tant mariez que non mariez, tant du royaume de France que d’autres royaumes, puissent avoir et prendre en mariage deux femmes, si bon leur semble, pour accomplir le commandement de Dieu, quy a dict de sa bouche : Crescite et multiplicamini et replete terram. Aussy, pour cause du grand voyage que nous avons entreprins de faire sur la mer, et pour obvier et resister à la grande malice des dicts Turcz, quy sont cent contre un seul chrestien, et seroit un très grand dommaige et dangier à toute la chrestienté, si par nous n’y estoit pourveu de remède et justice convenable.

Et pour ce, nous voulons que le dict royaulme de France, auquel nous avons plus de fiance qu’en nul autre, ne demeure sans multiplication, laquelle chose ne se peult faire sans avoir compagnie suffisante, avons ordonné et ordonnons, par le conseil de nos amez et fealx, ainsy qu’il est de coustume à faire en tel cas. Et pour ce qu’il est plus grand nombre de femmes que d’hommes aux dictz royaulmes, avons donné et octroyé à tous chacun des hommes des dictz royaulmes plain pouvoir, auctorité et puis-


5. Soliman menaçoit la Hongrie et la flotte de Barberousse tenoit la Méditerranée. C’est en France, toutefois, qu’on devoit avoir le moins de peur des Turcs, puisqu’à cette époque même François Ier avoit fait alliance avec eux contre Charles-Quint.