Page:Variétés Tome IV.djvu/252

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seront ordinairement remply de gariffelles6 de chair humaine. Dieu gard la lune des loupz7 ! Les Suysses aymeront beaucoup mieux leurs brayettes que leurs pennaches, et auront raison, car vive de conserver le germe dont provient l’humanité ! Plusieurs seront ambitieux des dignitez ou benefices, mais c’est la coustume du monde ; et pour bien voir au vray le theatre d’icelluy, faut voir jouer au ballon : l’un pousse d’un lieu ceste pelotte de vent, l’autre de l’autre, les uns se batte, les autres tumbe, les autres courre, et, après avoir bien pené, couru, tempesté et se tourmenté, demande leurs qu’il ont faict, ils vous diront : Averno fa corsa congli vento.

Parquoy, Messieurs mes meilleurs amys, ne vous penez voz esprits pour les affaire du monde ; rejouissez-vous, je vous supplie de le faire ; beuvez tousjours au plus matin et du meilleur ; ayez tousjours ce regime d’estre joyeux ; tenez-vous les pieds bien sec et la bouche souvent arrousée : vous en vivrés davantage,

A la matino gli bono vino,
Remedo contra tutti venino.



dessus du feu, qui leur servoit à faire dessécher et à enfumer leurs viandes. Boucaner et boucaniers en sont les dérivés.

6. Mot formé sans doute de l’indien gari, qui signifie petit morceau, fragment.

7. C’est un proverbe qui vient de ce que les loups hurlent à la lune sitôt qu’elle paroît, et semblent vouloir la prendre aux dents. Un autre adage dit : La lune n’a rien à craindre des loups (Quitard, Dict. des Proverbes, p. 509).