Page:Variétés Tome IV.djvu/275

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après jetta sa furie sur les chrestiens lesquels estoient alors en embassades dans Constantinople, et commanda qu’on les chassast hors de ses terres3 ; mais, par le conseil miserable de ce perfide empereur, conseil du tout contraire à Dieu et à son eglise, trouva bon d’en faire mourir une partie, tellement qu’aucuns disent que la maison de l’ambassadeur de France a esté pillée, et luy s’est sauvé par industrie ; mais, pour le fait des autres chrestiens, tant Espagnols, Italiens et autres nations, ont esté empanez et mis à mort avec leurs domestiques et grands nombres de chrestiens, se montans le nombre à plus de trois milles.

Ô perfide et miserable payen ! ne crains-tu pas les forces des chrestiens ? Ne te souvient-il plus de la prophetie que tu dois mourir de la main du François4 ? Ne crains-tu pas que ce grand roy de France te monstre sa force et sa valeur, qui seul te peut lier et te rendre esclave et miserable, te desmolir tes forces, avec l’aide de ses alliez ? Ne te souvient-il plus


3. L’ambassadeur de France, M. le baron de Sancy, évêque de Lavaur, fut un de ceux qui eurent le plus à souffrir dans leur dignité et dans leur personne. Mustapha le fit arrêter comme accusé d’avoir favorisé l’évasion du prince polonais Koreski. Il le récompensoit ainsi de la part qu’il avoit prise à son avénement. Osman, devenu empereur, envoya une ambassade à Louis XIII en réparation de l’insulte faite à la France en la personne de M. de Sancy.

4. Sur cette prophétie, dont ce passage confirme la popularité au commencement du XVIIe siècle, V. notre t. 3, p. 212, note, et p. 358, note.