Page:Variétés Tome IV.djvu/330

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par devant les commères du faux-bourg Sainct-Marceau, où celuy qui aura le droit le conservera au mieux qu’il pourra.

Ceste harangue estonna de prim’abord la compaignie. Une bossue, qui avoit esté autrefois regrateuse de parchemin, va dire : Mais, Madamoiselle, vostre ajournement est-il fait à domicile ? À quelle heure faites-vous vos affaires ? — Ma mie (fit l’autre), j’ay gardé la coustume : je suis femme d’un sergent de Sainct-Lazare ; ce n’est pas d’aujourd’huy que je dresse des committimus11, en l’absence de mon mary ; il y a longtemps assez que je sçavois comment il faut donner une assignation. Soignez seulement à l’heure que je vous donne.

Une grande hacquenée à toute selle se lève debout : Et bien, voilà bien parlé ! mercy de ma vie ! ouy nous irons. Craignés-vous que nous n’osions comparoistre ? Si nous n’y pouvons aller de front, nous irons de cul et de teste.

Le jour venu, il fallut comparoistre. Jamais en ma vie je n’avois veu tant d’avant-coureuses pour un jour ; il n’y avoit coin, trou, rue ne destour, qui ne fust remplie de ceste racaille.

Pleust à Dieu que la rivière des Gobelins qui vient de Gentilly se fust desbordée comme jadis12 ! elle eut fait un grand bien pour Paris. Il ne me souvient plus bonnement du lieu où se faisoit l’assemblée ;


11. Lettre de chancellerie accordée par le roi à ceux qui avoient leurs causes commises aux requêtes du Châtelet.

12. Sur une de ces inondations, qui ne suivit que de trop près ce que dit cette commère, puisqu’elle eut lieu en 1625, V. notre t. 2, p. 221 et suiv.