Page:Variétés Tome IV.djvu/358

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vous sera peu d’honneur, Madame, d’avoir marché par dessus le basilic romain et remis l’Eglise gallicane au chemin de verité. Quant à moy, je m’estimeray à jamais bien heureux d’avoir ce bonheur que de vous servir d’ambassadeur en une si bonne occasion. Le roy ne peust estre secouru du Turc, lequel a tenu tel compte des lettres de Vostre Majesté, que sans le Sophy, qui le moleste, il eust envoyé bonne compagnie pour veoir la France10. Les Venitiens ont faict faux bon de ce costé-là, ce qui a d’autant reculé les affaires ; le roy neantmoins est après pour renouveller la ligue avec ledit Turc, en esperance d’en tirer beaucoup de faveur : je ne sçay ce qui en adviendra. L’on craignoit que les rebelles ne fissent un roy, ce qui ne nous eust de rien servy ; mais la remise des estats qui estoyent convoquez au mois de may nous laissera encor quelque temps libre pour pourvoir à l’ayse aux affaires. Je n’escris rien à Vostre Majesté de celuy qui vous porte ceste lettre, parce que j’espère, et m’en asseure, que vous sçavez d’ailleurs que moy qu’il n’a perdu temps pendant qu’il a esté par deçà, et qu’il m’a rendu fort bon compte de ce que je luy ay


10. Les Turcs étoient la grande ressource d’Élisabeth pour les princes qu’elle vouloit secourir. En même temps qu’elle prioit le sultan de venir en aide aux protestants de France et au roi de Navarre leur chef, elle lui demandoit une flotte pour le très catholique don Antonio, que Philippe II avoit dépouillé du trône de Portugal. V. Hammer, Histoire de l’Empire ottoman, t. 7, p. 193.