Page:Variétés Tome VI.djvu/259

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appeler souffrans) n’en estoient pas exempts. Je penetray plus avant en l’humeur de ce venerable Fouré (que l’on dit n’estre chicaneur) par le moyen d’une riotte10 qui se passa entre luy et son maistre clerc, fondée sur l’obmission de bailler un defaut à juger à poinct nommé, ce qui n’est rien à comparaison des frequentes clabauderies du personnage, que je laissay continuer en ses fantasques discours, qui m’estourdirent beaucoup plus que ne fit l’autre jour un concert querelleux d’une grande partie des harangères des halles. Je continuay mon chemin, qui hazardeusement se rencontra en une rue où le noir manteau de l’obscurité ne peut estre si dominant que je n’apperçusse quantité de testes portant bois. Il me souvint d’Acteon, mais je m’y arrestay particulierement, car je sçavois bien que je ne cognois rien en l’arithmetique, et neantmoins il en estoit besoing, d’autant que le nombre des poinctes esgalloient quasi celles des picques d’un bataillon carré. J’en laisse la decision à ceux qui en sçavent les particularitez, ou qui prendront la peine de les considerer de jour, pour dire qu’en ceste mesme rue deux certains11 persistent en leurs habits ; et si l’un d’eux a une mulle qui est souvent couverte d’un mullet12, cela n’empesche pas la froideur de leurs


10. Dispute.

11. Dans le sens de quidam.

12. C’est-à-dire quoique ces procureurs aient chacun une mule qu’ils montent souvent, ce qui, pour les gens de cette sorte, est une marque d’opulence, ils ne laissent pas de traiter chichement leurs clercs.