Page:Variétés Tome VI.djvu/32

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quart d’escu3, ils font presques fremir Juppin, qui est sur le point, ce leur semble, de leur cedder son foudre et son aigle pour avoir paix avec eux, nonobstant qu’ils ne facent peur qu’aux limaçons4, mousches et sauterelles. Je m’assure que, si le plaisant Lucian les rencontroit, il s’en riroit demesurement, et par pitié leur donneroit de ses roses, pour d’asnes (comme il fut autrefois) les faire devenir hommes5, afin qu’estans deschargez du fardeau de folie, ils peussent passer la barque de Charon et aller hors de nostre sphœre danser aux champs Elisiens. Mais, à propos de bottes6 (nous en dirons ce


3. Le luxe des panaches étoit une des grandes dépenses des courtisans. Une plume d’un demi-quart d’écu étoit du dernier misérable. Le Mascarille des Précieuses (scène 10) se vante que chaque brin des siennes lui coûte un louis d’or. — Les panaches se portoient surtout à l’armée, ce qui fait dire par du Lorens, dans une de ses Satyres, 1624, in-8, p. 60 :

Si la guerre n’étoit un moyen de voler,
Sans ailes ni sans plume on n’y voudroit aller.

4. Comme les Espagnols, grands mangeurs d’escargots et d’oignons, et que toutes les caricatures du temps nous représentent largement pourvus de ces denrées. V. Musée de la Caricature, premières livraisons.

5. On connoît ce passage de la Luciade où Lucius, changé en âne, retrouve sa forme humaine après avoir mangé une couronne de roses. V. la traduction de P. L. Courier, Œuvres, édit. du Panthéon littéraire, p. 135.

6. On n’est pas bien d’accord sur l’origine de cette locution proverbiale. Il se pourroit qu’elle vînt de l’anecdote dont nous avons déjà parlé (t. 5, p. 186), et qui nous montre François Ier se décidant tout à coup à substituer la lan-