Page:Variétés Tome VIII.djvu/161

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veaux, et sur moy aussi ; et au milieu une escuelle de bois que nous appelions crosle. Je fuz le premier appellé, et avant estre interrogé, falloit mettre trois ronds en la crosle ; les anciens receuz baillent demy escu, un escu ou un quart d’escu. Selon la province que dictes estre, l’on baille le cagou qui meine pour attrimer, et apprend les tours et comme on se doit gouverner pour acquerir de l’honneur et de la reputation pour parvenir à lieutenant de cagou, ou coesre, qui est le plus haut degré.

Interrogats du grand coesre, avec l’opinion de ses
lieutenans les cagouz, aux nouveaux venuz
.

Ce grand prince me demanda qui j’estois et comme j’avois nom, et du lieu de la province. Je luy respons avec respect, mon bonnet en la main, que j’estois Breton, d’auprès de Redon. Lors le cagou26 de Bretagne jette l’œil sur moy, comme pensant que j’estois de son gouvernement et des siens. Le grand coesre me remonstre comme ensuit : « Vozis atriment au tripeligourt ? » Je respons : « Gis ; c’est parce que, quand on passe mercier, le mot c’est : J’atrime le passe ligourt. — Ouy, fils. Ne pensez que nostre vacation ne soit meilleure que celle des merciers, et nous estimons autant que les plus grands du monde : à sçavoir si vous pouvez esgaler à eux ; au reste, nous sçavons


26. Il est parlé des cagoux dans le Jargon, mais comme d’une catégorie de gueux, et non comme dignitaires de l’ordre, ainsi qu’on les représente ici. On verra plus loin, dans le Dictionnaire blesquin, que cagou se prenoit pour lieutenant.