Page:Variétés Tome VIII.djvu/202

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Mais les travaux d’une prison fermée

Je chante icy, riant et larmoyant.

Peuple futur qui gis en la matrice,
Qui n’as tiré le laict de la nourrice,
Et qui mille ans dois venir après moy,
Dans ce tableau tu verras les misères
Peintes au vif d’un, prisonnier n’a guière,
Que ses souspirs chantèrent à son Roy.

L’enfer des morts, plain de rage eternelle,
Fut des prisons l’idée et le modelle
À qui premier la prison inventa ;
Un subtil moine imita le haut foudre
En inventant2 le canon et la poudre,
Et cestuy-cy les enfers imita.

Si la prison n’avoit telle sortie,
Si la prière y estoit amortie,
Le bruict des huis et des portes de fer,
Les airs piteux des personnes captives
Et les regrets des ames mortes vives,
La me feroient appeller un enfer.

Mais, pour autant que Dieu on y revère,
Que dans ces fers quelque chose on espère,
Qu’on y entend l’Evangile prescher,
Un Purgatoire à bon droit je le nomme,
Le Purgatoire où l’on nettoye l’homme
De tous ses biens jusques à l’escorcher.



2. Imp. : imitant. Il s’agit du moine allemand Schwarz.