Page:Variétés Tome X.djvu/194

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À bon droit les François honnorent tous Nanterre,
Qui faict monstre aux passans au milieu de sa terre,
Ô saincte, de ton bers4 et des sainctes liqueurs
De la fontaine vive et propice aux langueurs5 :
Mais par sus tout Paris, peuplade nompareille,
Se sent infiniment heureuse par ta veille
Et patronage, ô vierge, ou c’est que de ta part
Avec la vierge mère un bonheur se départ
Sans qu’elle en soit en rien jalouze qu’avec elle
Tu face là dedans garde perpetuelle.
Là bien haut eslevée à la cime du mont,
Tu descouvres de loin les plaines jusqu’au fond,
Et repousses les maux qui menacent la France.
Mais icelle au milieu de la ville s’avance
D’embrasser en pitié les habitans piteux,
Oyant les pleurs et cris des pauvres souffreteux ;
Et là, comme elle sait son cher fils pitoyable,
Tu l’imites aussi son espouse amiable.
Tandis vous deffendez ensemble, en vœux pareils,



Laisse douter aux yeux s’il s’avance ou rebrousse :
Luy-mesme à son canal il desrobe ses eaux,
Qu’il y fait rejaillir par de secrettes veines,
Et le plaisir qu’il prend à voir des lieux si beaux

De grand fleuve qu’il est, le transforme en fontaine.

4. C’est la plus ancienne forme du mot berceau, qui n’en est du reste que le diminutif. On disoit aussi bercelet, comme on le voit par un passage du Recueil des histor. de France, et bercerole, joli mot employé par Pasquier, Recherches, liv. V, ch. 32.

5. C’est le puits de la maison du père de sainte Geneviève, dont on avoit fait une fontaine sacrée. Le P. Lallemant, dans la Vie de la sainte, dit qu’on faisoit boire de l’eau de ce puits à Charles VI pendant sa maladie.